Nouvelles de l'année 2016

Vingt nouvelles petites filles échappant à l'excision sont rentrée dans leur nouvelle école enfantine en septembre 2016

Janvier 2016, je suis enfin de retour à Masanga,  après plus de 2 ans d’absence, dans l’émotion. Dany, mon compagnon, a décidé de m’accompagner afin de se rendre compte de ce que j’avais mis sur pied là-bas. Les 80 élèves de notre école, accompagnés des 5 enseignants, de Ramatu Fornah et de quelques ex-sowes, ainsi que nos 3 gardiens nous ont accueillis en musique et danses traditionnelles. Larmes et joie entremêlées pour tous.

Quelle bonne surprise de trouver des enfants en bonne santé et joyeux, une atmosphère très amicale entre les enseignants et une école en très bon état, à part un peu d’ordre et de ménage ce qui n’est pas le fort des gens du coin. Il faut dire que la poussière s’infiltre partout dès qu’il y a un peu de vent. Nous avons recouvert les étagères avec des grands draps.

Ils ont participé activement tous les après-midi à la formation continue dispensée par Renata.  Elle a travaillé des heures durant avec son grand cœur et ses compétences pédagogiques.

Dany s’est occupé de toute la partie technique ce qui m’a énormément soulagé. Un homme à nos côtés est devenu indispensable. Je ne peux pas jouer la plombière en même temps que mon travail de contrôle de tous nos enfants et parents, bureau, salaires et autres. Grace à lui et Tolo nous avons ENFIN l’enregistrement du terrain MEA auprès du cadastre.   

                             

Il a également fait toute une étude avec plusieurs entreprises pour la pose d’un système photovoltaïque. Il n’y a pas d’électricité dans le village. Les classes sont sombres et l’utilisation de matériel informatique est indispensable. Et puis d’avoir un frigo dans la maison d’hôtes n’est pas un luxe. Avec la chaleur les aliments périssent très vite.

Nous avons commencé l’année scolaire 2015-2016 en janvier 2016, un trimestre de perdu suite à l’Ebola. Le dernier cas isolé fut découvert début janvier.                                                                                      

A la demande des familles nous avons ouvert une 2ème classe primaire.

Pour la rentrée de septembre 2016, nous prévoyons 5 niveaux. Une classe enfantine, une préparatoire, une première, une deuxième et une troisième primaire avec un  total de 100 élèves.

Le problème est que nous n’avons pas assez de locaux !

Comme d’habitude c’est la nuit que les idées me viennent comme des flashes. Le grand garage, qui a été construit pour notre nouveau véhicule, a la grandeur idéale pour une école enfantine. Le matin Dany fait les plans et c’est tout à fait faisable. C’est parti pour la transformation! Derrière nous la future école enfantine qui ouvrira ses portes en septembre 2016.

Nous aurons un peu d’investissement à faire mais je pense que c’est vraiment nécessaire. Je dois dire que seule je ne serais pas rentrée là-dedans mais avec l’aide de Dany pour toute la partie technique, c’est faisable. On va taper à toutes les portes, nos parents, amis, amis d’amis et connaissances pour renforcer nos finances.

Tolo, notre précieux coordinateur,  a de très grandes capacités et on voit son envie d’arriver. Il travaille d’arrachepied pour MEA et a su tenir le programme à son top durant notre absence de plus de 2 ans. Ce fut un test très concluant. 

Notre comité mis en place se réunion ponctuellement. La présidente est l'ancienne exciseuse en cheffe reconvertie. Le chef du village et deux des anciens en font également partie.  

D’avoir notre nouveau véhicule fut juste grandiose ! De pouvoir bouger dans des conditions de sécurité et de propreté nous a bien réconfortés! Merci ! Tolo en prend un grand soin. Il l’utilise qu’en cas de stricte nécessité. Lorsqu’il va voir nos élèves dans les villages et les écoles des environs avec Aminata Bassey, il utilise sa moto. Ça va plus vite à travers les sentiers de brousses !

Pendant plus d’une semaine nous avons reçus tous les élèves de Masanga et des environs avec un membre de leur famille. Les résultats scolaires ont été vérifiés et ils ont tous reçus leur matériel scolaire, uniformes et chaussures. Nous avons de plus en plus de filles qui passent en niveau secondaire. Une d’entre elle va terminer son école d’infirmière et une autre est maintenant enseignant dans notre école. Elles sont toutes les deux épanouies et ont pris confiance dans leur destin. C’est très émouvant et ça me donne du courage pour en faire encore plus.

Nous nous sommes également rendus dans le village de Rogbeshe. Tolo a organisé  un regroupement des élèves de la région. Les villageois nous ont accueillis en musique et un danseur traditionnel a fait son show.  Deux heures très sympa avant de commencer notre travail. Beaucoup d’élèves redoublent ceci à cause des 2 années scolaires raccourcies.

Apprendre en deux trimestres le programme prévu sur trois quand on sait que le niveau scolaire est déjà si bas… et bien bravo pour celles qui ont passé. Il est pratiquement impossible de boucler un programme dans ces conditions et encore moins de réussir les examens d’entrés en secondaire. J’ai demandé que tous les élèves ayant des résultats inférieurs à 50% refassent leur année. Il seront de ce fait mieux préparé à la rentrée de septembre qui sera une année complète de 3 trimestres.

Une grande réunion à Masanga avec la communauté, famille, comité et anciens s’est tenue sur le site MEA.  Pour encourager les villageois à se prendre en charge, se sont maintenant les mamans qui, à tour de rôle, viennent aider notre cuisinière pour les repas des filles de notre école. Elles apportent également le bois car ici pas de cuisinière. Les conditions du programme sont répétés, soit respect du personnel, des lieux,  le bien-être des filles.

Je remercie infiniment Renata et Dany avec lesquels j’ai eu un vrai partage dans le travail et une vie communautaire dans l’amour et le respect. 

IL N’Y A PLUS D’EXCISION A MASANGA ET DANS LES VILLAGES AVOISINANT.

Notre coordinateur et Ya Ramatu Fornah, ex-exciseuse et présidente du comité MEA mis en place à Masanga nous l’ont confirmé lors de notre voyage fin mars 2016. Les familles préfèrent rejoindre notre programme qui préserve la tradition tout en y excluant l’excision. Une grande victoire ! D’autres villages vont sans doute suivre notre exemple.

Nous avons enfin pu réaliser une nouvelle  cérémonie Bondo. Elle a débuté le 25 mars et c’est terminé le 2 avril. Elle a été organisée dans la joie par les ex-sowes et 60 nouvelles filles. La grande chef du district Sampa Sankoh  est venue nous saluer. Elle m’a prise dans les bras ce qui fut émouvant pour moi. La relation que j’ai avec toutes ces femmes est très précieuse et me remplit le cœur. C’est aussi grâce à ça que notre programme fonctionne si bien.

Ramatu Fornah commence à baisser, les années se font sentir, mais elle est toujours aussi présente à chaque occasion. Elle est même venue voir le match de foot organisé exclusivement pour nos élèves. Nous avions reçus un équipement complet pour 11 filles et nous en avons acheté un autre avec l’emblème de la Suisse.  Incroyable de voir ces gamines courir et sauter sur un terrain en plein soleil. C’est l’équipe de l’école MEA qui a gagné 2 à 0 contre celle des écoles SDA et SLMB. La revanche sera pour la prochaine fois, sans doute en janvier pour nous. 

Notre cher Tolo est toujours aussi efficace. Un vrai chef ! Il gère tout le programme en main de maître. Rien ne lui échappe. Nous avons une immense chance de l’avoir. Il connaît toutes nos filles et leur condition. Il joue le rôle de père en accompagnant celles qui rentrent en secondaire pour leur interview  et installent celles qui rentrent en internat.

Le luxe de ce dernier voyage est l’installation du système photovoltaïque sous le contrôle de Dany. Tout fonctionne à merveille. Les classes sont bien éclairées et Tolo peut travailler plus confortablement. Plus besoin de brancher la génératrice chaque fois qu’il veut utiliser l’ordinateur ou l’imprimante. Nous avons enfin un frigo, des prises pour nos téléphones et appareils de photos et puis la lumière pour aller aux toilettes et faire la vaisselle. C’est tellement appréciable ! 

Nous pouvons enfin avoir de la nourriture correcte, garder des œufs et des boissons au frais et nous fournir de poulet dans les congélateurs des supermarchés de Makeni. Tout ce qui semble normal chez nous devient un luxe là-bas. Nos conditions de séjours sont enfin décente et surtout acceptable pour nous européens. 

Quelle chaleur en avril ! Je ne me rappelais plus combien nos corps d’européens ne sont pas adapté ou alors il faudrait y rester plusieurs mois pour nous y mettre vraiment. Bref, nous sommes, moi et Daniel, très heureux de rentrer malgré tout ce qui nous lie à Masanga.

Nous repartirons en janvier 2017 pour 2-3 semaines. La température est plus adaptée.  Nous contrôlerons les travaux effectués et la mise en place du système photovoltaïque. Si on veut faire du bon travail qui porte ses fruits il est impératif de s’investir à fond.

Merci à tous ceux qui nous ont permis d’arriver à ça, Michèle et le team MEA